Qui est le virus de qui ou comment cultiver son jardin ?
Hier au jardin des Belles du Baou, c’était le printemps et pied de nez au confinement, les semis sont allés bon train en guise de pause tisane (qui a duré finalement 3 bonnes heures !).
Gratitude d’avoir un petit espace de nature dans un village de campagne où les fleurs offrent cette année une belle luxuriance (vu le désert duquel je suis parti il y a 2 ans) ! Les insectes, papillons, abeilles, moro-sphinx s’y côtoient déjà dans un joyeux bourdonnement (tiens donc ! Ils ne sont pas confinés eux !).
Sur les grandes aires urbaines et touristiques du globe le constat est là : avec moins de trafic, moins de bruit, moins de pollution, bref moins de nuisances causées par les activités humaines, Dame Nature reprend son souffle, la faune sa vie sociale, la flore éclate ses bourgeons et ses fleurs...
Légions sont les exégèses sur le Covid-19, chacun y va de son débat : prévention et gestion des risques sanitaires, protocoles de recherche médicale, maintien d’une économie de première nécessité, crise économique et financière, pouvoirs de police et liberté, psychologie de la cohabitation familiale ou de la solitude, sport et alimentation...
La liste est longue, mais se résume finalement à nos parts de responsabilités individuelles et collectives sur une planète où nous vivons de plus en plus nombreux et de plus en plus en interconnexion.
RES-PON-SA-BI-LI-TÉ, la vraie, celle du sens du devoir et de l’action établi avec sagesse et maturité. Sommes nous matures et responsables?
Nous pointons facilement du doigt des Trump et autres Bolsonaro, mais quel âge avons-nous quand nous cédons à la panique, l’agressivité, l’égoïsme, l’inconscience, les compensations addictives... Lorsque nous rejetons indignés la faute sur les autres, les circonstances ? Lorsque nous réagissons (différent d'agir) à chaud, bousculés par nos émotions brutes qui émergent à chaque imprévu dans nos routines matérialistes ?
Peur de manquer de nourriture, peur de perdre de l’argent, peur de mourir par la faute d’un invisible virus! Comme à chaque catastrophe, nous (re)découvrons la solidarité, la compassion, peu importe si elle est réelle ou intéressée, nous y allons tous de notre larme à l’oeil et/ou de nos alléluias au nouveau monde à naître... Puis les routines reprennent leur cours pour un autre stress : le piéton qui ne traverse pas assez vite, la caissière qui change son rouleau de papier, les trains en retard, le c.. qui ne fait pas comme il faudrait !
Mais à part ça, avons-nous le début du commencement de conscience du stress, discret celui là, qui vibre chez les autres êtres vivants, animaux, végétaux, lorsqu’ils meurent des pesticides, de la destruction de leurs habitats et de leurs ressources alimentaires, les obligeant à trouver sans cesse de nouvelles parades pour survivre et perpétuer l’espèce ?
Quand certains disent ce n’est pas grave c’est l’évolution normale, les dinosaures ont bien disparu ! Le discours n’est plus le même quand l’Homme risque d’être le prochain dinosaure sur la liste rouge des espèces en voie de disparition !
Finalement, dans ce jardin planétaire, Covid-19, Pangolin ou humain, qui est le virus de qui ?
Avec le confinement, et en ce jour de neige qui a blanchi quelques heures le midi de la France, tout est là pour nous stopper et nous obliger à vivre enfin notre hiver intérieur.
Le dérèglement climatique reflète nos dérèglements intérieurs. Nous vivons, plutôt devrions-nous dire que nous nous étourdissons toute l’année comme si c’était l’été. Nous dispersons nos vies "façon puzzle" le plus machinalement du monde pour finir épuisés en prise aux virus et ravageurs comme dans un potager qui a déséquilibré son écosystème.
L’hiver comme toute saison a une sage utilité. La nature fait une pause, pas des vacances, non, un repos stratégique pour reconstituer les forces vives. Les bourgeons sont là mais attendent le débourrement, le germe reste sous la terre. Il faut du temps pour que le feu d’artifice des fleurs du printemps soit réussi sans compromettre les moissons et vendanges nourricières futures. Pas question de sortir trop tôt, les gelées tardives (en l'occurrence coups du sort) sont courantes.
Contrains et forcés au confinement, nous voilà face à nous mêmes, à nos peurs, nos émotions, nos démons et virus intérieurs qui nous ont trop affaiblis.
Nous n’avons respecté ni nos ressources, ni celles de la Terre et aujourd’hui paralysés nous craignons de mourir.
Dehors depuis presque 10 jours, les fleurs fleurissent, les insectes butinent, les oiseaux chantent leurs parades nuptiales, les dauphins reviennent en vacances à Venise... Ils font et sont tout simplement ce qu’ils doivent faire et être dans la grande chaîne des écosystèmes et goûtent enfin un peu de répit face au virus «Homo immaturus».
«Homo immaturus» parce que nous le voulons bien ! Car nous sommes libres et avons encore le choix : MOURIR ou MÛRIR ?
Qui cultivera son jardin en accompagnant la graine par des attentions et travaux soutenus afin qu’elle donne une belle plante, de belles fleurs et de beaux fruits pour du bonheur et une nourriture saine ?
Qui préférera continuer à s’éparpiller dans des plaisirs illusoires en laissant la graine avorter et se décomposer dans la terre, en maugréant contre les autres et la fatalité, et en attendant qu’un hypothétique jardinier vienne enfin faire le travail à sa place ?
Perso, j’ai choisi il y a longtemps et ne regrette pas, car je traverse aujourd'hui relativement sereinement le confinement, malgré la précarité et l'inconnu quant à l'avenir des petites entreprises.
Jardins intérieurs et planétaires,
«Cultivons nos jardins» (Coucou Monsieur Voltaire!)
car «Qui plante un jardin, plante le bonheur» (Proverbe chinois).
C'est pourquoi je vous souhaite tout le bonheur du monde !
Marie-Dominique des Belles du Baou :-)